Avec une estimation d'environ 12,4 % de la population mondiale ayant accès à Internet, ce qui représente 801,4 million de personnes, les quelques millions de blogs ne sont le fait que d'une fraction faible des internautes. En admettant les estimations les plus folles à 15 millions de blogs et en considérant qu'ils sont tous actifs (ce qui est une exagération volontaire pour avoir des chiffres "ronds"), 0,2 % de la population mondiale tient un blog, soit 1,9 % de la population Internet. Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un pourcentage élevé. [données issues de l'étude de Global Reach]
On est loin du phénomène généralisé, comme le suggère le titre; ce type d'erreur peut est dû soit à une ignorance des statistiques, soit à une volonté d'introduire un biais dans le raisonnement du lecteur, soit à "allez savoir où il avait la tête"...
Par ailleurs, l'idée reçue que la majorité des bloggers sont des jeunes, est issue de l'étude de Perseus que j'ai mentionnée précédemment. En fait, la tranche d'âge qui était majoritaire dans l'échantillon étudié est celle des 13-19 ans (51,5 %). Bien sûr, quand on n'est pas de cette tranche d'âge et que nous fréquentons des gens de la nôtre, parmi lesquels des bloggers, on peut avoir l'impression que les bloggers sont plus vieux et en pourcentage plus élevé. Mais ce n'est qu'une impression. Et quand on parle de ses impressions plutôt que des résultats statistiques il est bon de le préciser.
Malgré tout, 2 % de la population Internet est un pourcentage qui n'est pas négligeable et qui pourrait augmenter devant le phénomène de mode qui est en train de s'installer. La déferlante des blogs dans les préoccupations de la presse et des vendeurs de solutions de blogging créent un mouvement pro-blogs qui est assez intéressant. Il n'est pas sans rappeler les "home-pages" qu'on a pu voir il y a quelques années, mais aujourd'hui la maîtrise des outils est facilitée par le jus de neurones qui a coulé dans le domaine. Il est si simple d'ouvrir un blog que ça serait dommage de ne pas le faire presque. Et on est sollicité de partout, le blog pouvant être un élément de fidélisation auprès de son FAI, un véhicule de pub de la part de la plateforme de blogging, une raison de location d'espace disque dur etc.
Les prévisions les plus optimistes estiment les blogs actifs vers la fin 2005 aux alentours de 15 millions (en extrapolant à partir de la croissance des deux dernières années sans fléchissement du phénomène).
Ici on trouve une observation très intéressante. L'audience des blogs augmente plus rapidement que leur nombre.
Il est probable que les tranches d'âge au dessus de 19 ans seront un peu plus représentées, mais elles me semblent également être celles qui sont les plus faciles à décourager, celles qui ferment le plus volontiers leur blogs après quelques mois d'activité (mais là c'est une impression personnelle...), souvent en raison de l'espace qu'occupe le blog dans la vie personnelle, qui n'est pas forcement centrée autour d'Internet.
Puis, il faut distinguer deux fractions de la population des bloggers qui ont une nette tendance à l'abandon :
Ceux qui se rendent compte que leur espoir de devenir le centre d'une vaste communauté se trouve déçu, qui sont découragés par leurs statistiques qui ne décollent pas de la cinquantaine de visites par jour. Désillusions également pour ceux qui se rendent compte que devenir personnage public ne va pas sans l'inconvénient des attaques, qui peuvent être impersonnelles (slogs), ou des critiques dirigées contre le contenu du blog lui même, ce qui est plus difficile à (di)gérer.
Puis, ceux qui se trouvent aux antipodes. Qui ont réussi par leur blog à atteindre leur vitesse de croisière et/ou leur niveau d'incompétence et qui préféreront transvaser l'énergie qu'ils consacraient à leur blog à un autre projet, qui leur tient plus à coeur ou qui leur est imposé par les dures réalités de la vie. Ce sont souvent des gens dont le métier est lié avec le Net et qui ont convaincu de leur aptitudes à travailler dans le domaine. Leur sortie est souvent une question de "survie" et est souvent partielle, l'abandon ne concernant qu'une partie de leur activité de blogging.
Pour se faire une idée claire de l'intérêt de cette explosion du marché des blogs, il faudrait disposer d'une mesure qualitative permettant de les classer.
Ce classement peut se faire uniquement sur des mesures de fréquentation ou des liens qui pointent vers le blog et des boîtes dont le business est lié à Internet offrent ce service, par exemple Technorati.
C'est certainement une mesure de popularité, mais pas franchement de bonne qualité. La courte histoire des blogs a montré que les "réputations" se font et se défont à une vitesse équivalente et que si un blog peut passer de quelques dizaines à quelques milliers de visites par jour parce qu'il parle d'un sujet chaud, des élections par exemple, l'inverse est vrai quelques semaines après le scrutin. Ce sont là des instantanés qui ne sont intéressants que lorsque l'observation se prolonge sur plusieurs mois. Le même Technorati propose le top 100 des blogs qu'il surveille. Y figurer n'est pas une garantie de pérennité dans le milieu, mais ça aide quand même.
La mesure de popularité n'est pas suffisante pour classer les blogs en termes de qualité. Il est évident qu'un blog sur un sujet à la mode, les blogs par exemple, peut-être très visité. Et il sera très lié, par les blogs dont il fait mention en termes élogieux. Sans que cela signifie qu'il fasse réellement office de plus qu'une "bullet list". Lors de ma présentation du sujet aux RMLL j'en ai vaguement parlé de la qualité de l'audience qu'on attire et de la qualité du contenu du blog. Vaguement signifie en moins d'une minute :-)
Personnellement je préfère que Oldcola's blah blah ait une audience limitée, des gens que j'apprécie, et avec qui j'ai plaisir de discuter, plutôt que d'attirer des lecteurs avec qui je n'ai rien de commun. N'ayant rien à leur vendre, en plus, je ne vois pas ce que j'en ferais. J'ai quitté les newsgroups avec soulagement pour ne pas avoir à répondre à la même question de base qui était largement traitée dans le FAQ. Mes rares, très rares, incursions dans l'univers des forums [3 en 2004] ne se font que pour y laisser la solution concernant un problème très discuté, si j'en dispose d'une. Je n'ai plus envie de gaspiller de l'énergie pour des gens qui ne prennent pas le temps de lire les FAQ avant de commencer à emmerder les autres. D'autres avatars que "Oldcola" peuvent avoir des intérêts autres et se comporter de façon plus souple, ou plus sèche. Mais mes blah blah avec les copains sont juste ce qu'il faut.
J'ai eu à me poser cette question sur la qualité, au delà du théorique, quand j'ai participé au premier tri des blogs nominés pour les Weblog Awards 2004.
Originalité, présentation, lisibilité, quantité et "qualité" des liens qui y pointent.
Pour l'originalité c'est une question d'habitude; parcourir quelques centaines de blogs 'nouveaux'* par semaine aide à savoir ce qui se fait et ce qui est hors des sentiers battus. C'est moins subjectif que ça a l'air. [5 points]
Présentation et navigabilité sont rapidement appréciées à la première visite. C'est ce que j'appelle la "vraie" accessibilité, qui en dehors de tout standard vous rend le séjour sur un site agréable et vous permet de tout englober (ou au moins l'essentiel) du regard. C'est un élément qui a peu de valeur, puisque il est fortement subjectif. [2 points]
La lisibilité peut être "objectivement" évaluée même si on ne parle pas la langue de publication en se servant d'outils d'analyse du texte. Des tels les outils permettant d'analyser le site le classer. La subjectivité est exprimé en amont, au moment du choix de l'algorithme qui sera utilisé. Si vous voulez avoir une idée de ce que ça peut donner visitez Textalyser qui est un des outils disponibles. [3]
La quantité des liens "entrants" est facilement mesurable par Technorati et Google; malgré quelques différences observées, les rangs sont peu affectés. [2]
La qualité des liens entrants représente beaucoup plus de boulot ! parce que la même analyse doit être faite à chacun des blogs qui pointent vers le blog à évaluer. La redondance de la tâche ne vous échappe pas et dans un temps limité soit vous disposez d'éléments récoltés préalablement, soit vous limitez la "profondeur". [8]
La note est donnée pour 20 points. [saluons ici 20/20 ;-)].
Vous seriez étonné de voir combien de blogs n'atteignent pas la moyenne ! Affligeant.
Est-ce intéressant de considérer ces blogs, qui font piètre figure, quand on souhaite estimer la taille de la blogosphère ? C'est un peu comme si on prenait en compte toutes les épaves qui furent des automobiles et qui ne peuvent pas passer le contrôle technique, comme faisant partie du parc automobile !
Je suppose que la réponse à cette question varie en fonction de la personne à qui on la pose.
Si c'est un vendeur de solution de blogging il se désintéresse de la qualité et il va tout compter, la moindre miette de blog qui traîne sur le Web, même ceux qui n'ont pas été mis à jour depuis belle lurette. Plus le nombre de blogs est grand plus il est incitatif pour les nouveaux clients : si tous ces gens y arrivent, moi aussi je pourrai le faire !
Si c'est un lecteur qui s'intéresse aux blogs de ses amis il fera fi des critères de qualité également, l'amitié étant ce qui l'intéresse le plus et la taille de la blogosphère est celle de son cercle d'amis. Le reste est un eu plus flou.
Si c'est un lecteur qui cherche des blogs discutant d'un sujet précis il ne voudra peut-être considérer qu'une fraction de la blogosphère. Par exemple celle qui présente les vins de Bordeaux, des blogs si possible tenus par un professionnel [voici un cas où l'anonymat est intéressant]. Suivant le sujet et les personnes qui en parlent dans leur blog il trouvera la blogospère plus ou moins grande. [si vous connaissez un blog qui parle des "Bordeaux", tenu par un connaisseur, je suis preneur].
Si c'est quelqu'un qui aborde la blogosphère pour la première fois, et qui n'a pas une idée précise à propos de ce qu'il cherche il y a des chances qu'il veuille commencer par [sinon se limiter aux] les blogs qui ont au moins la moyenne. Il est même probable qu'il soit intéressé par "construire" lui même le système d'évaluation qui lui convient le mieux pour sélectionner parmi la myriade de propositions.
Aucun des catalogues actuellement disponibles ne propose des telles facilités de sélection, pour la simple raison qu'ils ne disposent pas des éléments nécessaire. Mais il se peut que dans un avenir plus ou moins proche suivant les efforts des bénévoles du secteur, le Web Sémantique nous facilite la sélection multi-critères et ceux sur la base d'une classification des blogs.
A ceux qui se lamentent en disant que les blogs sont protéiformes et qu'ils son inclassifiables je rappellerai qu'il en est ainsi des êtres vivants mais que les biologistes s'en sont sorti plutôt bien en établissant un système de classification. Certes il est parfois sujet à discussions mais les grandes familles ne bougent pas beaucoup. Et au fur et à mesure que nous affinons nos outils de classification le classement est de plus en plus fin.
Pour vous donner une mesure, Technorati traque moins de blogs individuels qu'il y a d'espèces d'insectes ! Les analystes du phénomène blog ne sont pas des handicapés mentaux, ils y arriveront donc si le sujet les intéresse vraiment et qu'il s'agit pas juste d'écrire un billet où l'on se poserait ahuri devant la complexité de la chose en faisant croire que la tâche est insurmontable...
Je suis loin, très loin de disposer des données nécessaires pour bâtir un système de classification "intéressant". Mais j'en dispose suffisamment pour proposer des bases.
D'abord, il est relativement simple de donner une définition des blogs, en se référant à la construction du terme, qu'est un néologisme, forgé par Jorn Barger, en tant que sites web, contenant essentiellement des posts horodatés.
Bien entendu, une définition aussi simple et claire, ne pouvait que servir de fourre-tout, surtout depuis que le fait de publier sur le web est devenu un phénomène de mode.
D'ailleurs, il suffit que l'éditeur d'un site Web veuille bien le qualifier de blog pour qu'on l'accepte en tant que tel. Laissons les gens libres de proposer autant de modèles de blogs qu'ils le souhaitent et ne partons pas en limitant le champ juste à ce que notre imagination englobe. J'ai rencontré tellement de gens créatifs grâce à mes blogs que je m'en voudrait de croire que j'aurais pu les imaginer avec leurs réalisations.
L'adjectif "protéiforme" convient parfaitement pour qualifier les blogs. Ils sont susceptibles en effet de prendre plusieurs formes et d'en changer fréquemment #, au gré de leur possesseur. Néanmoins, il ne s'agit pas de différences fondamentales, mais surtout de changements du phénotype, de l'aspect extérieur et surtout des outils qui permettent de les produire; outils qu'on a une légère tendance à confondre avec le contenu, comme si la marque du carnet que vous utilisez pouvez présager de l'intérêt du contenu que vous produisez.
Bien entendu, pour le fun, on peut "calculer" son code de blogger ici. Mais comme le dit l'introduction, ce sont des questions de concierge [traduction pour baker's questions; si vous avez meilleure proposition je suis preneur].
Essayons de bâtir un blogger code un peu plus systématique :
Quelques caractéristiques permettent la classification de la grande majorité des blogs :
- le nombre d'auteurs : souvent égal à un pour les blogs personnels, peut monter à plusieurs dizaines, avec quelques cas exceptionnels où il dépasse les 1000 !
- le thème général, qui varie de "très étroit", abordant une thématique particulière, à "vaste" pour qualifier un bon nombre de blogs qui ne font que décrire les intérêts de leur(s) éditeur(s), qui y consignent tout ce qui pourrait attirer leur attention. C'est probablement la caractéristique la plus difficile à décrire d'autant plus qu'elle peut varier avec le temps, plusieurs blog dérivant de leur objectif premier.
- le type de contenu, qui peut être panaché, un mélange de texte, images (dessins, photos), fichiers son, vidéo ou tout autre type de fichiers accessibles par le Web
- le type d'hyperliens que l'on y trouve, blogroll, autres types de sites web, publicité etc
- la gestion des copyrights sur le contenu, qui varie de la liberté totale, en passant par toutes les cas que propose Common Contents pour arriver aux copyrights "classiques".
Ces quelques éléments sont suffisants pour donner une première idée. On peut y ajouter d'autres, comme la langue principale ou les langues diverses utilisées, la localisation, le type d'outils qui sont mis en oeuvre, etc. Ou encore des renseignements consernant le design du blog : self-made, modification d'un template, utilisation d'un template par Machin, etc. Puis le type d'd'hébergement etc. Egalement les influences qui ont conduit à l'ouverture du blog, conseil d'amis, publicité, lecture des blogs etc. Même si le blog permet les commentaires, de façon anonyme, de la part de personnes inscrites dans une quelconque base de données, pour les "membres", et s'il y a possibilité de trackbacks, s'il affiche un e-mail pour contacter le(s) auteur(s).
Un descriptif de ce type faciliterait le classement des blogs dans un annuaire. Pour éviter de s'enfermer dans un schéma étroit qui serait difficile à changer par la suite, il suffirait de présenter le tout sous la forme d'un fichier avec des tags [si vous avez déjà pensé XML on ne peut rien vous cacher ;-)].
Une ontologie des blogs devrait peu à peu émerger d'une telle classification et les blogs sémantiques verraient le jour en présentant ce genre de blogger code évolué sous forme accessible par les lecteurs et également les softs.
Quant à la classification de ce qui se trouve "sous-le-capot" décrivant la façon dont le blog est produit et géré. Il y a encore aujourd'hui de blogs "vivants" qui sont produits "à la main" par des gens qui sont suffisamment proches du "code" pour ne pas avoir recours à des logiciels spécialisés. Si la majorité concerne des blogs privés (j'en connais onze dans ce cas, dont un où je contribue) il y en a certains qui sont publics, exemple celui d'Annie Strohem.
Bien entendu, en dehors de ces productions artisanales, des "solutions" de blogging sont disponibles pour tous les goûts, permettant plus ou moins d'adaptations à ses besoins. Si l'on souhaite raisonner en termes de "parts de marché" qu'elles occupent, la visite de bsentinel [view SVG] de Stéphane Le Solliec s'impose.
Avec un tout petit peu d'imagination on peut les exploiter même en dehors des limites initialement prévues, les doter de catégories par exemple, ou les utiliser comme agrégateurs de nouvelles. En y ajoutant un peu de travail, des nombreux plug-in ont été produits pour doter l'éxistant de nouvelles fonctions, par exemple pour protéger des slogs.
Des chimérismes sont même possibles entre deux ou trois solutions prévues pour "collaborer", par exemple Blogger pour le blog lui-même, Haloscan pour les commentaires et les trackbacks et Flickr pour les images à poster sur le blog (ce n'est qu'un exemple limité, d'autres "assistants" pouvant être associés, pour les fichiers "lourds", par exemple son et/ou vidéo).
Il devient vite évident que "sous-le capot" on trouve une complexité qui est difficile à classifier et qu'il n'est même pas possible de se fier sur le type de logiciel qui est utilisé à la base, puisque les "assistants" viennent compliquer la tâche. Les choses ne sont claires que pour des plate-formes relativement fermés qui empêchent l'utilisation de tels "assistants".
Heureusement, la majorité des utilisateurs se contentent des versions de base.